La France est déjà présente économiquement au Sahel notamment au Niger où elle exporte la majeure partie de ses besoins nécessaires en uranium. Au contraire, sa présence au Mali est très faible, malgré un sous-sol riche en or (troisième exportateur d’Afrique) et en ressources minières, selon un rapport de Rockgate qui affirme que le Mali possède 12 000 tonnes d’uranium. Le pays dispose aussi selon ce rapport d’une quantité importante de métal d’argent et de cuivre.
Devant ce constat, la France ne pouvait se permettre que de telles ressources soient gérées par des djihadistes. Bien au contraire, elle espère sans doute qu’en aidant le Mali, elle pourrait bénéficier de nouvelles ressources découvertes sur le territoire malien. Cela lui permettrait de renforcer encore plus sa position au Sahel et de faire face à la concurrence américaine et chinoise qui a fait du Sahel un objectif stratégique.
Pour ce faire, la France devait impérativement prendre ses responsabilités en tant que force dominante au Sahel et agir rapidement. Ce constat justifie, en quelque sorte, la précipitation de la France à s’engager au Mali. Cependant, cet engagement ne constitue-t-il pas un risque stratégique ?
L’évolution de la guerre au Mali démontre parfaitement que la France a relevé un pari stratégique. Il s’agit, en réalité, de neutraliser le danger terroriste au Mali et dans la région du Sahel pour renforcer sa position dans la région. Toutefois, il existe le risque d’un échec qui pourrait nuire à son image, et constituerait sans doute une opportunité pour les pays rivaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, d’accroître leur influence dans la région, d'où l'importance stratégique de cette dernière.
Devant ce constat, la France ne pouvait se permettre que de telles ressources soient gérées par des djihadistes. Bien au contraire, elle espère sans doute qu’en aidant le Mali, elle pourrait bénéficier de nouvelles ressources découvertes sur le territoire malien. Cela lui permettrait de renforcer encore plus sa position au Sahel et de faire face à la concurrence américaine et chinoise qui a fait du Sahel un objectif stratégique.
Pour ce faire, la France devait impérativement prendre ses responsabilités en tant que force dominante au Sahel et agir rapidement. Ce constat justifie, en quelque sorte, la précipitation de la France à s’engager au Mali. Cependant, cet engagement ne constitue-t-il pas un risque stratégique ?
L’évolution de la guerre au Mali démontre parfaitement que la France a relevé un pari stratégique. Il s’agit, en réalité, de neutraliser le danger terroriste au Mali et dans la région du Sahel pour renforcer sa position dans la région. Toutefois, il existe le risque d’un échec qui pourrait nuire à son image, et constituerait sans doute une opportunité pour les pays rivaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, d’accroître leur influence dans la région, d'où l'importance stratégique de cette dernière.
Risque d’un échec français au Mali
Si la France a réussi son pari militaire au Mali - puisque le territoire du pays est libéré de l’emprise djihadiste - le succès du pari stratégique consistant à anéantir ces groupes djihadistes pour se positionner comme protecteur de la région contre le terrorisme, est encore très loin d’être atteint. Bien au contraire, l’opération militaire française au Mali a causé l’expansion des djihadistes dans toute la région du Sahel. Ces derniers considèrent désormais la France et les ressortissants français comme leurs principaux ennemis.
En effet, les enlèvements de Français au Sahel ont considérablement évolué puisque 15 ressortissants français sont tenus en otages par AQMI (Al Quaida au Maghreb islamique) et Boko Haram (groupe terroriste nigérien) faisant, par la même occasion, de la France le pays le plus visé par ses rapts terroristes. Ces opérations constituent des réactions contre l’implication de la France au Mali. En fait, les islamistes ont refusé le combat, ils ont basculé vers une tactique plus classique de guérilla, de harcèlement, d’attaques ponctuelles avec des enlèvements et des attentats. D’ailleurs, ces derniers rappelent à Paris que ses ressortissants ne sont plus en sécurité nulle part .
Ce message a été compris par la France, puisque le Quai d’Orsay appelle désormais ses ressortissants à quitter la région, y compris ceux travaillant pour les sociétés françaises sur place. Un coup dur pour l’économie.
Par ailleurs, ces mêmes djihadistes tentent de prouver aux gouvernements des Etats du Sahel que la France a été incapable de les neutraliser au Mali et demeure aussi incapable de protéger ses propres ressortissants. Par conséquent qu'elle sera incapable de les protéger contre toute invasion terroriste.
Justement, les combattants des groupes terroristes sont revenus en force, notamment à Gao, où les combats deviennent de plus en plus difficiles. Plusieurs soldats français et tchadiens ont péri dans des accrochages de plus en plus violents.
La réaction des djihadistes impose un défi stratégique à la France qui commence à montrer des signes d’impatience. Les responsables français demeurent en effet conscients de l’enjeu que représente l’opération militaire au Mali sur leur propre intérêt et préfèrent en finir au plus vite, "en mars" comme ne cesse de le répéter Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
Autrement dit, le risque d’un échec d'une intervention durable au Mali plane au-dessus de la France. Pour cela, elle ne peut en aucun cas se laisser s’enliser au Sahel. C’est la raison pour laquelle les dirigeants français exercent une forte pression sur l’Union européenne et sur les Nations unies pour une plus grande implication au Mali.
De plus, les responsables français continuent de réclamer le renforcement assez rapide des forces africaines au Mali pour prendre le relai, poursuivre la lutte contre le terrorisme dans l’ensemble de la région, et, par la même occasion, libérer la France de son engagement sur le terrain.
Il apparaît donc évident que la France désire achever son aventure malienne sur un succès militaire, ce qui serait susceptible de renforcer sa crédibilité dans la région. Il ne faut pas oublier qu’un retrait anticipé nuirait à cette image et permettrait à d’autres Etats de prendre la place de la France au Sahel. D’où l’enjeu de la crise malienne pour l’Etat français.
En effet, les enlèvements de Français au Sahel ont considérablement évolué puisque 15 ressortissants français sont tenus en otages par AQMI (Al Quaida au Maghreb islamique) et Boko Haram (groupe terroriste nigérien) faisant, par la même occasion, de la France le pays le plus visé par ses rapts terroristes. Ces opérations constituent des réactions contre l’implication de la France au Mali. En fait, les islamistes ont refusé le combat, ils ont basculé vers une tactique plus classique de guérilla, de harcèlement, d’attaques ponctuelles avec des enlèvements et des attentats. D’ailleurs, ces derniers rappelent à Paris que ses ressortissants ne sont plus en sécurité nulle part .
Ce message a été compris par la France, puisque le Quai d’Orsay appelle désormais ses ressortissants à quitter la région, y compris ceux travaillant pour les sociétés françaises sur place. Un coup dur pour l’économie.
Par ailleurs, ces mêmes djihadistes tentent de prouver aux gouvernements des Etats du Sahel que la France a été incapable de les neutraliser au Mali et demeure aussi incapable de protéger ses propres ressortissants. Par conséquent qu'elle sera incapable de les protéger contre toute invasion terroriste.
Justement, les combattants des groupes terroristes sont revenus en force, notamment à Gao, où les combats deviennent de plus en plus difficiles. Plusieurs soldats français et tchadiens ont péri dans des accrochages de plus en plus violents.
La réaction des djihadistes impose un défi stratégique à la France qui commence à montrer des signes d’impatience. Les responsables français demeurent en effet conscients de l’enjeu que représente l’opération militaire au Mali sur leur propre intérêt et préfèrent en finir au plus vite, "en mars" comme ne cesse de le répéter Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
Autrement dit, le risque d’un échec d'une intervention durable au Mali plane au-dessus de la France. Pour cela, elle ne peut en aucun cas se laisser s’enliser au Sahel. C’est la raison pour laquelle les dirigeants français exercent une forte pression sur l’Union européenne et sur les Nations unies pour une plus grande implication au Mali.
De plus, les responsables français continuent de réclamer le renforcement assez rapide des forces africaines au Mali pour prendre le relai, poursuivre la lutte contre le terrorisme dans l’ensemble de la région, et, par la même occasion, libérer la France de son engagement sur le terrain.
Il apparaît donc évident que la France désire achever son aventure malienne sur un succès militaire, ce qui serait susceptible de renforcer sa crédibilité dans la région. Il ne faut pas oublier qu’un retrait anticipé nuirait à cette image et permettrait à d’autres Etats de prendre la place de la France au Sahel. D’où l’enjeu de la crise malienne pour l’Etat français.
Echec au Mali : enjeu stratégique pour la France
Le Sahel constitue un espace géopolitique très important. Il caractérise une lutte d’influence entre, d’une part la France, qui désire protéger sa domination dans la région, et d’autre part, les Etats-Unis ou la Chine qui tentent de se faire une place dans cette zone importante pour le transport du pétrole et du gaz. Dans ce contexte, un éventuel échec de la France au Sahel permettrait aux Etats-Unis et à la Chine de renforcer leur présence dans la région. Les deux pays ont ainsi soutenu l’intervention militaire française au Mali sans pour autant intervenir ; ils joueraient donc la carte de l’opportunisme.
Déjà, les Etats-Unis - à titre d’exemple - ont augmenté leur "effort d’implantation dans le continent africain", aussi bien militairement que sur le plan économique. La présence militaire américaine s’est considérablement développée au Sahel où un plan d’assistance militaire a été mis en place depuis 2003.
La crise malienne a par ailleus permis aux Etats-Unis d’accroître cette présence militaire en signant un accord avec le Niger pour établir une base de drones, mettant ainsi la pression sur la France qui possède des intérêts majeurs dans ce pays (l’exploitation de l’uranium par la société française Areva). Outre le côté militaire, les Américains ont réussi à développer leur coopération économique et énergétique avec les pays d’Afrique en général, et du Sahel en particulier, puisque ces derniers constituent aujourd’hui un quart des importations de pétrole américaines, à l’instar des partenaires traditionnels des Etats-Unis, comme l’Arabie Saoudite.
La Chine quant à elle, est de plus en plus dépendante des importations pétrolières et des hydrocarbures. Elle doit ainsi diversifier ses sources énergétiques pour maintenir sa puissance internationale. D’où l’intérêt manifeste à la région du Sahel. Justement, la Chine a toujours considéré les pays du Sahel comme une source considérable d'énergie et de matières premières. C’est la raison pour laquelle les responsables chinois s’efforcent de renforcer les relations commerciales avec la région à tel point qu’aujourd’hui, l’Afrique représente 25% des importations chinoises du pétrole.
Ce constat est très important car il permet de relever les enjeux stratégiques de l’intervention militaire de la France au Mali, celle-ci ne peut se permettre un fiasco au Sahel. Cela permettrait aux Etats-Unis et à la Chine de bénéficier d’une opportunité en or pour se repositionner dans la région.
Déjà, les Etats-Unis - à titre d’exemple - ont augmenté leur "effort d’implantation dans le continent africain", aussi bien militairement que sur le plan économique. La présence militaire américaine s’est considérablement développée au Sahel où un plan d’assistance militaire a été mis en place depuis 2003.
La crise malienne a par ailleus permis aux Etats-Unis d’accroître cette présence militaire en signant un accord avec le Niger pour établir une base de drones, mettant ainsi la pression sur la France qui possède des intérêts majeurs dans ce pays (l’exploitation de l’uranium par la société française Areva). Outre le côté militaire, les Américains ont réussi à développer leur coopération économique et énergétique avec les pays d’Afrique en général, et du Sahel en particulier, puisque ces derniers constituent aujourd’hui un quart des importations de pétrole américaines, à l’instar des partenaires traditionnels des Etats-Unis, comme l’Arabie Saoudite.
La Chine quant à elle, est de plus en plus dépendante des importations pétrolières et des hydrocarbures. Elle doit ainsi diversifier ses sources énergétiques pour maintenir sa puissance internationale. D’où l’intérêt manifeste à la région du Sahel. Justement, la Chine a toujours considéré les pays du Sahel comme une source considérable d'énergie et de matières premières. C’est la raison pour laquelle les responsables chinois s’efforcent de renforcer les relations commerciales avec la région à tel point qu’aujourd’hui, l’Afrique représente 25% des importations chinoises du pétrole.
Ce constat est très important car il permet de relever les enjeux stratégiques de l’intervention militaire de la France au Mali, celle-ci ne peut se permettre un fiasco au Sahel. Cela permettrait aux Etats-Unis et à la Chine de bénéficier d’une opportunité en or pour se repositionner dans la région.
En somme, la France se trouve devant un dilemme important : elle ne peut se retirer prématurément du Mali sans ouvrir la voie à ses rivaux pour intervenir, ces derniers attendant, justement, un faux pas français pour se repositionner à leur tour. Cette situation réduit ainsi la crise malienne à un simple conflit d’intérêts.
Cependant, la crise malienne est très dangereuse et va au-delà des enjeux individualistes, car elle peut transformer le Sahel en un grand Afghanistan où régneraient la terreur et l’insécurité. Pour cela, il faut tirer les leçons de l’Irak et dépasser les calculs stratégiques. Le terrorisme au Sahel ne peut être, en effet, anéanti qu’à travers l’implication de toute la communauté internationale, car il ne s’agit pas là uniquement d’un problème français ou malien, mais d’un défi mondial motivé par la nécessité de mettre fin à un danger imminent sur la stabilité africaine et internationale.
Cependant, la crise malienne est très dangereuse et va au-delà des enjeux individualistes, car elle peut transformer le Sahel en un grand Afghanistan où régneraient la terreur et l’insécurité. Pour cela, il faut tirer les leçons de l’Irak et dépasser les calculs stratégiques. Le terrorisme au Sahel ne peut être, en effet, anéanti qu’à travers l’implication de toute la communauté internationale, car il ne s’agit pas là uniquement d’un problème français ou malien, mais d’un défi mondial motivé par la nécessité de mettre fin à un danger imminent sur la stabilité africaine et internationale.